Tous les chiens ne sont pas également agressifs, tant s'en faut. Certains font constamment
montre d'une agressivité latente, toujours prête à éclater. D'autres, placides, voire débonnaires,
ne se révèlent agressifs que dans certaines circonstances. Celles-ci, découlant le plus souvent
de schémas connus, peuvent être parfaitement définies. Pourtant, elles sont parfois inattendues
et, de ce fait, incontrôlables.
La taille n'a rien à voir avec l'agressivité. Elle lui serait
même inversement proportionnelle. Un Caniche, un Yorkshire ou un
Chihuahua se font bien plus remarquer par leur humeur belliqueuse
et leurs aboiements intempestifs qu'un Berger allemand ou un Saint-
Bernard de 80 kilos.
Comme toutes les qualités humaines ou animales, l'agressivité comporte
une part d'inné et une part d'acquis. L'éducation, le « dressage »
interviennent pour stimuler, canaliser ou bien mettre un frein à l'agressivité
d'un chiot, compte tenu de son caractère. Des événements de la vie courante,
insignifiants au départ, peuvent modifier un comportement dans un sens ou
dans l'autre. Ne parlons pas des traumatismes entraînant des bouleversements,
parfois même des modifications de la personnalité.
Pourquoi l'agressivité chez le chien est-elle une question à l'ordre
du jour ? C'est que le chien, de plus en plus présent dans notre vie
quotidienne, est une arme en soi. Arme à double effet par les morsures
qu'il peut infliger et les maladies infectieuses ou épidémiques que ces
dernières sont susceptibles d'entraîner. Toujours douloureuse, une
morsure est parfois délabrante ou mutilante selon la taille et la
puissance du chien mordeur et la localisation de la blessure. La face,
les mains, les parties génitales peuvent être irrémédiablement atteintes
chez l'homme ou chez l'enfant. Il n'est pas rare que viennent s'y
ajouter des infections bactériennes graves pouvant aller jusqu'à la,
septicémie.
Bon an, mal an, on répertorie 300 000 cas de morsures en France.
Ce chiffre s'élève à 1 million aux États-Unis où leur coût médical,
annuel dépasse vingt millions de dollars, les complications avec
surinfection par tétanos, rage, pasteurellose et staphylocoques!
(2 à 6% des morsures de chiens) interviennent, hélas, trop fréquemment.
Une morsure, aussi infime soit-elle, ne doit jamais être prise à la légère.
Un chien sur deux abrite dans sa flore buccale des pasteurelles qui,
injectées dans le corps de la victime, peuvent provoquer phlegmon ou septicémie.
Une intervention médicale est indispensable en cas de morsure. D'autant que la rage,
qui avait disparu de nos régions, a fait une rentrée en force depuis quelques années(1).
Comparaison selon
les différents groupes de chiens
GROUPE N° 1 :
Chiens De Berger, De Garde
ou De Défense
présentés pour conduites agressives ........ 48 %
fréquentant normalement ma clinique ...... 28 %
GROUPE N° 2 :
Chiens De Chasse ou moyen format
présentés pour conduites agressives ........ 22 % des cas
fréquentant normalement ma clinique ...... 31 % des chiens
GROUPE N° 3 : Petits Chiens
présentés pour conduites agressives ........ 30 % des cas
fréquentant normalement ma clinique ...... 41 % des chiens
Le risque de conduites agressives est doublé avec des CHIENS du GROUPE N° 1.
Les chiens de chasse sont légèrement moins prédisposés que les petits chiens.
Courtoisie du D' Payancé.)
Pourquoi ?
Ccontre qui ?
A Quelle Occasion ?
Le chien est un animal de meute. Celui qui l'ignore ne pourra jamais
comprendre son comportement. L'animal des villes, si civilisé, et
parfois, avouons-le, un peu dégénéré, en semble pourtant bien éloigné.
Il n'en est rien. Le fond de sa nature est celui d'un être social subissant
loi de sa propre société, dans laquelle il occupe une position
érarchique plus ou moins élevée.
Ses rapports avec l'entourage sont régis par des relations de dominant à dominé
extrêmement strictes.
Celles-ci sont particulière-
ment sensibles dans les rapports
amoureux : rivalités entre mal approche de la
femelle, situation vis-à-vis
des autres membres de, meute, comportement envers
les jeunes font partie d'un ritue1 extrêmement rigide dont le code reste
inscrit dans les gènes de les individus, fussent-ils isolés parmi les hommes dans un appartement parisien.
Une fois établie cette hiérarchie intérieure, les conflits sont ra: Le dominant qui
a montré sa puissance n'aura plus qu'à la rappi de loin en loin, et le dominé vivra
heureux sous sa protection haut et bienveillante. Pas de sexisme dans cette
société parfaitement organisée. C'est souvent une femelle qui occupe la place du chef sait la faire respecter.
Contre le monde extérieur, la meute se protège. Elle protège femelles, les faibles,
les jeunes, mais surtout elle protège son territoire qui le suit partout où
elle se déplace. C'est un espace sacré indispensable à la survie du groupe.
Seul dans une société humaine, le chien, pour trouver son équilibre, doit
recréer des conditions similaires à celles rencontrées au sein d'une meute ou d'un
attelage de traîneau polaire. Sera-t-il dominant ou dominé ? C'est à son maître,
substitut du chef de meute de le décider. Si ce dernier laisse battre son autorité
en brèche, l'animal aspirera à la domination qu'il revendiquera à force d'agressivité,
s'établira ainsi une situation fausse et dangereuse, difficile à maîtriser où les deux
parties, aussi malheureuses l'une que l'autre, se trouveront en perpétuel conflit.
Si un chien aspire souvent à la domination sur ses semblables, il attend de la part de son
maître une position de dominant. C'est là sa place "dans sa hiérarchie personnelle, celle
qui lui permettra de ne manifester son agressivité que dans des circonstances bien précises,
et, somme toute, louables pour qui sait les comprendre.
Il défendra sa femelle, sa maîtresse, son maître, un bébé, tout aussi bien que sa pâtée,
son os, son fauteuil ou sa couverture attitrée, mais qui pourra vraiment le lui reprocher ?
Il défendra son territoire, maison ou voiture, sans que nul ne puisse l'en détourner.
Celui qui a déjà essayé d'entrer dans une voiture laissée à la garde d'un chien ne nous contredira pas.
A l'extérieur, le territoire sera délimité par des émissions d'urine aussi exactement,
sinon plus, que par une clôture hermétiquement close. L'animal le plus pacifique réagira
violemment dans des circontances où un des éléments de son entourage indispensable sera, à ses yeux, menacé.
Aussi vaut-il mieux éviter :
— de lui retirer brusquement os, pâtée, jouet, couverture, etc., ou tout autre objet qu'il estime lui appartenir ;
— de s'approcher avec précipitation d'un être — humain ou animal -5 qu'il a pris sous sa protection ;
— de le réveiller ou de le surprendre par-derrière ;
— de passer outre à son attitude menaçante lorsqu'il se trouve chez lui, dans son territoire,
et tenter de le dépasser en forçant le passage dans un couloir, par exemple.
Ce sont là les cas principaux où l'on risque de recueillir les preuves de son agressivité : une belle morsure.
Le territoire d'un chien n'est pas forcément marqué par des murs ou une clôture.
Il peut s'agir d'une ligne idéale délimitant une surface à l'intérieur de laquelle
l'animal se considère comme chez lui, à l'abri, et où il ne tolère aucune intrusion.
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