Arrivée du bébé à la maison, suite de la première partie.
II faut, au contraire, présenter le nouveau venu au chien, sous
haute surveillance, bien entendu. L'animal devra sentir, voire lécher
le bébé pour s'imprégner d'odeurs qui devront lui devenir familières.
Tout en surveillant ses réactions, on ne lui prodiguera attention,
caresses et friandises qu'en présence du tout-petit. De la sorte, le
chien associera vite l'enfant à un sentiment agréable, flatteur et
valorisant qui lui fera oublier progressivement tout esprit de compéti
tion et sentiment d'agressivité.
II n'y a pas que les naissances qui peuvent perturber un chien. L'intrusion d'un
jeune enfant dans son univers doit être contrôlée dès le départ. Prenons l'exemple
de Brutus, Setter irlandais mâle de quatre ans. Il s'est toujours comporté de
façon amicale avec les adultes aussi bien qu'avec les enfants et, en particulier,
les petits-enfants de ses maîtres, un couple de retraités. Pourtant, voilà qu'il
commence à grogner et à se montrer désagréable chaque fois qu'il aperçoit l'un
de ces petits-enfants — trois et cinq ans — venant visiter leurs grands-parents.
Pour mettre fin à cet état de choses, les grands-parents n'ont accordé aucune
attention ni prodigué le moindre signe d'affection à leur chien pendant les
cinq ou six heures précédant la venue des enfants. A leur arrivée, changement
de programme. Tout le monde et, en particulier, les nouveaux venus
prodigue caresses et friandises à Brutus. Ils jouent avec lui devant
la porte avant d'entrer dans la maison, ce qu'ils feront progressivement,
en douceur et sous la surveillance attentive des adultes prêts à intervenir
à la moindre manifestation d'hostilité.
Au bout de deux à trois semaines, tout est rentré dans l'ordre.
L'Agressivité Envers Les Autres Chiens
Elle est moins fréquente qu'on ne le pense et ne se manifeste que lorsque se posent
des problèmes de territoire et de hiérarchie, donc de dominance.
On sait que le chien délimite son territoire par ses urines, son odeur ou sa voix.
Tout intrus devra reconnaître la suprématie du premier occupant ou entrer en conflit
avec lui. Le scénario est connu :
stade d'observation accompagné d'attitude menaçante de part d'autre,
acceptation de la hiérarchie existante ou refus, d'où combat.
Les chiens ont un sens aigu de la hiérarchie. Dès que l'un de protagonistes a
démontré sa supériorité, l'autre la reconnaît de bonr grâce... ou presque.
Cette acceptation de la dominance se manifest par toute une série de mimiques
codifiées depuis la nuit des temps trouvant leur origine dans la meute primitive.
Quels sont les signaux émis par le dominant ?
— regard orienté, fixant le dominé, pupilles dilatées ;
— oreilles dressées, dirigées vers l'avant ;
— babines retroussées, commissures tendues vers l'avant laissant voi des crocs
menaçants dans une gueule ouverte, prête à se refermer
— tête portée haute visant à intimider le congénère ;
— queue portée à l'horizontale ou dressée, dégageant la région anale ;
— ensemble du corps tendu, rigide, exprimant un profil « haut tous poils hérissés.
Tout le corps paraît subitement plus massif et plus impressionnant.
Ces manœuvres visant à impressionner s'accompagnent d'un contact physique déterminant
clairement les situations respectives, dominant, grondant d'une façon menaçante, se
place en travers du dominé, figé sur place. Il l'empêche de passer ou fait mine de le
monter, l'essentiel de la manœuvre étant d'acquérir une situation er surplomb et de
placer la tête, la patte, le corps tout entier sur le coi ou le dos du dominé.
Le message est clair : le supérieur se trouve au-dessus de ceh qui doit accepter sa loi.
Celui qui se trouve en position d'infériorit] démontre par toute son attitude qu'il reconnaît
la supériorité l'autre :
— regard fuyant, détourné, évitant celui du dominant
— oreilles rabattues sur la nuque ;
— commissures des lèvres tirées vers l'arrière ;
— tête et queue portées basses ;
— ensemble du corps effacé, « profil bas » ;
— décubitus latéral avec un postérieur levé.
Le dominé se roule sur le dos, présente la face inférieure de sor cou, sa gorge, son ventre,
la région génito-anale. A moitié accroupi, laissant échapper quelques gouttes d'urine,
il cherche à lécher la face du plus fort en signe de soumission. En un mot, il
se comporte comme un très jeune chiot, tout en bas de l'échelle hiérarchique.
la Loi de la nature, cette relation de dominant à dominé ignore la morale et la justice
telles que nous les concevons. Donnons-en pour exemple ce cas de rivalité entre mâles
qui, pour être exemplaire, n'est absolument pas exceptionnel.
Un Malinois d'environ dix mois, trouvé blessé sur la route, est recueilli dans une
maison d'Ile-de-France où on le baptise « Sultan ». Sur les dix hectares de la
propriété vit déjà, dans une liberté totale, Terex, métis Malinois-Berger allemand
âgé de cinq ans. Le nouveau venu, fatigué par l'accident, traumatisé par le changement
d'existence, se montre humble, soumis, accepte de jouer avec le premier occupe
des lieux et reconnaît sa supériorité.
Trois semaines plus tard, ayant retrouvé toute sa vigueur, Sultan
L'essentiel est de bien faire comprendre au chien quelle est sa place dans la meute
commence à manifester son caractère « dominant ». Au cours d'une promenade où
les maîtres caressent et complimentent Terex, Sultan se jette violemment sur
lui, en cherchant à le mordre, exprimant clairement, en présence des maîtres,
qu'il entend être le supérieur hiérarchique.
Terex, timide, réservé, gentil, jouissait de tous les privilèges. Il régnait
sur la propriété et sur la maison où rien ne lui était interdit, ni tapis ni
divans. Caresses, attentions lui étaient prodiguées sans partage. Tout
va changer pour lui. Incapable de défendre sa position et de s'assurer
une situation dominatrice, il va se trouver en état d'infériorité.
Contrairement à notre conception humaine de la justice, il faudra l'aider
à assumer sa nouvelle position de dominé face à un Sultan dominateur.
Tout chien éprouve un besoin vital d'occuper une place bien définie dans
son univers, fût-ce au bas de l'échelle hiérarchique. En conséquence,
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