Le chien fait tellement partie de notre vie — et
depuis si longtemps — que nous avons tous tendance à le considérer comme un prolongement de
nous-mêmes, comme un être humain privilégié. Nous nous défendons de réagir ainsi.
Nous affirmons que nous savons parfaite¬ment faire la différence entre lui et nous, que nous le
considérons comme un être fondamentalement original. Il n'en reste pas moins que, dans la vie
quotidienne, nous nous comportons en pépère-gâteau ou en grand frère, au lieu d'être un chef de
meute, comme il le faudrait. Nous voudrions que, à notre ressemblance, il obéisse à des lois
morales alors que seul l'instinct est à la base de tous ses comportements.
Ne pouvant s'exprimer par la parole, le chien le fait avec son corps. Il faut savoir interpréter
ses attitudes, la position de ses oreilles, les mouvements de sa queue, ses émissions d'urine ou
de matière fécale, ou toutes autres manifestations, en tenant compte de sa condition et en ne les
jugeant pas selon notre optique.
Lorsqu'un chien urine, par exemple, ce n'est pas seulement pour satisfaire un besoin naturel.
Souvent, il accomplit là un acte social : marquage du territoire du mâle, attitude de dominance,
ou, au contraire, de soumission, etc. Un chien qui renifle des déjections sur un trottoir ou flaire
l'arrière-train d'un de ses congénères ne fait pas preuve de malpropreté : il agit en tant que
membre d'une société se renseignant sur son entourage et y évaluant sa propre place hiérarchique,
suivant son âge, son sexe, sa situation de dominant ou de dominé. Il obéit à des lois qu'il connaît
d'instinct et qu'un bon maître ne doit pas ignorer. En faire fi ou les prendre à contre-pied
risque de provoquer les troubles du comportement que l'on observe chez tous les êtres n'arrivant
pas à se situer par rapport à leur propre société.
Bien que vivant souvent seul dans nos foyers, le chien est un être social et sociable. Sensible,
il ressent profondément les atteintes à sa nature, les mauvais traitements, l'isolement qu'il a
subis dans sa prime jeunesse. Tout cela peut conduire à d'irréversibles troubles du comportement.
On ne peut pas tricher avec un chien. On ne peut pas, tant qu'on n'a pas établi sa position de leader,
se laisser aller avec lui à une humeur fantasque, permissive, ou, au contraire, trop sévère.
Un chien ne comprendra pas pourquoi on lui permet à un moment ce qu'on lui défendait cinq minutes
avant, pourquoi on le récompense au lieu de le punir ou réciproquement.
Le chien a besoin d'un cadre simple où rien n'est laissé au hasard, où chacun de ses actes engendrera
la même réponse. Tout changement, toute nouveauté — fût-elle agréable — est un facteur de déséquilibre
ou de stress, qui provoquera en général une attitude inhabituelle.
Qu'elle se traduise par des aboiements intempestifs, des « saletés », des déprédations inexpliquées
ou de l'agressivité, elle est toujours le signe d'un malentendu. Le chien aura interprété à sa façon
un fait ou une attitude et en aura tiré des conclusions sans aucune relation avec celles que l'homme
lui attribue.
Il faut bien reconnaître que nous sommes tous atteints d'anthropo¬morphisme. Nous jugeons non seulement
selon nos critères mais encore suivant nos propres facultés. Ainsi, il nous est difficile d'imaginer
que notre notion du temps n'existe pas chez le chien. Confié à une personne étrangère pour un jour
ou pour un an, il retrouvera son maître et ses habitudes comme s'il ne les avait jamais quittés.
Il a donc une excellente mémoire ? Oui. Mais, paradoxalement, extrêmement courte. Un chien qui commet
une bêtise doit être puni aussitôt ou dans la minute qui suit. Sinon, il attribuera cette punition
à une tout autre raison.
Un cas classique est celui de l'animal laissé seul au logis et qui trompe son ennui en détruisant tout
ce qu'il trouve à sa portée. Quand le maître rentre, le coupable est évidemment grondé et puni alors
que le pauvre chien a complètement oublié le mal qu'il a pu faire. Résultat :
il risquera d'associer la punition non pas à la faute mais au retour du maître ! Tête basse, regard
fuyant, il a l'attitude d'un coupable à chaque retour du propriétaire ?
Naturellement, puisqu'il sait que son maître le gronde chaque fois qu'il rentre dans une maison dévastée !
Un chiot dont on essayait de modérer les émissions urinaires dans toutes les pièces de l'appartement
se trouva un jour devant une flaque occasionnée par une fuite d'eau. Freinant des quatre pattes, il poussa
un cri et alla se réfugier en tremblant sous un meuble. En langage anthropomorphique, cela pouvait
se traduire par : « Ce grand type que j'aime bien mais qui a des réactions bizarres va encore faire
des histoires parce qu'il a trouvé du liquide par terre. Sauvons-nous ! »
Quant à l'attitude penaude que le chien adopte lorsqu'il voit venir la punition, ce n'est pas celle
du coupable. Il n'a pas conscience de sa faute puisque la sanction n'a pas immédiatement suivi l'acte.
Il montre, par des signes extérieurs conventionnels, la soumission hiérarchique de l'inférieur envers
le supérieur. C'est ainsi que les chiens de meute agissent. En baissant pavillon devant plus élevé
qu'eux dans l'échelle sociale de la meute ou de l'attelage, ils tentent d'éviter une correction de
la part du chef de file dont ils ont suscité le courroux.
De cette expression corporelle, le chien attend un profit : moindre punition ou récompense.
Certains chiens agissent plus volontiers pour obtenir une récompense ou une friandise que pour éviter
des coups. Avec eux, on obtient des résultats rapides et durables tout en travaillant dans une atmosphère
détendue.
Merci à Monsieur Philippe De Wailly Docteur Vétérinaire pour ces précieux conseils.
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