LA SOLITUDE POUR QU'IL LA
SUPPORTE
Les canidés sont des animaux sociaux, c'est-à-dire
qu'ils vivent en groupe avec une hièrachie et des échanges
intra-spécifiques constants : visuels, olfatifs
et, à l'intérieur de la meute, tactiles. Observez vos chiens : vous les
verrez
rechercher le contact en se lèchant mutuellement,
en frottant leur museau, en se mordillant pour un épouillage
symbolique qui renforce les liens entre
individus.
Lorsqu'il est le seul chien de la maison, notre
meilleur compagnon reporte ses attitudes ancestrales vers l'espèce
à laquelle il est imprégné depuis sa naissance,
l'homme. Beaucoup de maîtres ont compris cela et ils ont des
échanges subtils, très personnalisés avec leur
bête ; cela les aide à recevoir les messages qu'elle emet et à agir
sans aller à l'encontre de ses besoins profonds.
D'autres bloqués hors de chez eux durant six, huit ou dix heures
afin de gagner leur vie, doivent abandonner leur
chien chaque jour, bien à contrecoeur.
Aussi, avant de donner des recettes, mieux vaut
mettre les choses au point : le chien n'est pas fait pour être seul
et toutes les méthodes d'accoutumance que l'on
emploiera pour l'y habituer ne seront que des pisaller imposés
par la civilisation cruelle du XXe siècle (le cas
des enfants est bien souvent similaire, d'ailleurs).
UN APPEL AU SECOURS
Brusquement plongé dans la solitude, les réactions
du chien varient selon son age et ses habitudes.
Des névroses s'installent progressivement, ou bien
des crises brutales éclatent en l'absence du maître. Au cours de
cette période de "folie" le chien de la maison, si
propre et si calme d'ordinaire va faire ses besoins sur le lit, ou
lacérer un coussin, reportant toute son angoisse
sur un objet afin, par ce biais, de lancer un appel "au secours"
desespéré
L'important, puisque souvant nous ne pouvons pas
faire autrement, c'est de parvenir à lui constituer son univers,
sécurisant
où il éprouve un certain bien-être et dont il
peut tirer suffisament de stimuli pour ne pas s'ennuyer.
Il faut qu'il soit, pour perler de langage
moderne, "bien dans sa peau" en attendant le retour du maître, moment
ou il pourra "s'éclater" dans le jeu et la course
en plein air.
UNE BOUFFEE DE
MAITRE
Le chien qui vit depuis toujours dans la maison a
acquis des habitudes ; il sait où se coucher, où trouver de l'eau.
Il va aller
renifler de temps en temps vos vêtements, votre chaise ou votre fauteuil pour
prendre une bouffée de
maître et revivre ainsi votre présence. Il a aussi des objets de jeu qu'il peut
transporter dans sa gueule d'un
endroit à l'autre, etc... L'idéal est donc
d'accoutumer votre chien progressivement à l'absence, car,
contrairement
à ce que certains scientifiques de laboratoire
prétendent il n'aurai pas la notion du temps une heure d'absence
équivaudrait à plusieurs jours. il suffit d'avoir
eu plusieurs chiens dans sa vie pour s'apercevoir que la joie, les
mouvements de reconnaissance, les invitations
ludiques diffèrent grandement en intensité selon le laps de temps
écoulé.
Bien sur, un chien qui a vécu en chenil et qui ne
connaît de l'homme que les mains qui apportent la gamelle
ne peut ressentir un manque si son propriètaire
part, même pour plusieurs jours, pouvu qu'on lui donne à
manger...
Car son monde est clos, il se limite à la surface
de l'endroit où il vit. Son esprit est en veilleuse, sans besoins,
sans
éteincelle d'intelligence, sans initiative. Il en
va tout autrement pour le chien qui partage la vie du maître, qui
connaît ses habitudes, ses gestes, ses mouvements
d'humeur. Celui-là est perpétuellement à l'écoute, il
pressent son maître comme un prolongement de
lui-même ; nous pouvons aller jusqu'à dire qu'il le connaît
"par coeur".
PENDANT UN MOIS OU
DEUX
Il n'est, bien entendu, pas question d'abandonner
pendant huit heures un chiot qu'on vient d'acquérir. D'une part,
parce qu'il doit avoir plusieurs repas par jour,
d'autre part parce qu'il ne supporte pas la solitude. Ou bien, parce
que s'il la supporte cela prépare avec certitude
un chien adulte qui traînera toute sa vie des problèmes
psychologiques graves . Aussi achetez un chiot au
moment où vous êtes certain de pouvoir demeurer à la maison
toute la journée, ou du moins lorsqu'une personne
sera présente, chaque jour, pendant un mois ou deux.
SILENCE C'EST
BIEN
Dès l'arrivée du chiot, après une semaine environ
d'aptation, lorsque vous l'entendez couiner la nuit, pour
réclamer votre présence, comme s'il réclamait sa
mère, faites la sourde oreille même s'il vous en coûte beaucoup.
Au bout de quelques jours, il aura compris que ses
jérémiades ne servent à rien et qu'il doit retourner se coucher
dans son panier sur un vêtement que vous avez
porté longtemps (bien imprégné de votre odeur).
Cette situation équivaut, dans son développement
psychologique, à celle où les petits dansla nature, jadis
étaient laissés dans la tanière pendants des
heures, alors que leurs parents allaient chasser.
Au bout d'un mois, lorsqu'i se sera bien
familiarisé avec les habitudes de la maison, commencez à faire
intervenir les interdits. Il y a ceux
notamment qui cont sanctionner les cris et les aboiements sans
justification
pendant de brèves périodes
"abandon"
On commence par laisser le chiot seul dans
une pièce dont on sort en claquant la porte ostensiblement,
comme
si on partait, mais ondemeure
derrière ayant soi de se munir d'une provision de jouets appréciés et de
friandises.
A chaque fois que le chien hurle, on rentre
brusquement en criant "non silence". S'il se calme on lui
donne
le jouet en le félicitant "silence
c'est bien !" et on ressort aussitôt. ce manège se répètera plusieurs
jours, à raison
d'une à quatre heure d'absence
"attentionnée". Pendant ce temps on en profite pour faire dans la pièce à
côté
du bricolage ou du repassage ou tout autre
activité silencieuse. Le but de cet exercice est de faire
comprendre
au jeune chien que le maître, même absent,
est toujours là pour l'observer avec cette faculté qu'ont les
dieux
de pouvoir sanctionner une mauvaise action
et en récompenser une bonne.
Le chiot devra bien assimiler le sens du
commandement "silence !" qui servira plus tard à le faire taire à
tout
moment.
LA FORCE DE
L'HABITUDE
Lorsque le maître devra laisser son chien seul
pour plusieurs heures, celui-ci abordera l'épreuve avec petience
que seule donne l'habitude. Il sait que son maître
revient toujours, quel que soit le temps écoulé, il sait que dans
la maison il est chez lui, avec son coin toilette
son coin jeu où se trouvent ses objets, son coin repos où est
étalé un vêtement qui sent bon le
maître.
Il faut également qu'il sache que dès le retour de
son maître, il aura droit à une longue promenade en liberté, en sa
compagnie afin de se défouler par le jeu, la
course, l'exploration de territoire étrangers.
Si on ne peut offrir ce type de conditionnement à
son chien et consentir quelques sacrifices pendant les
premiers temps de vie commune, il vaut mieux ne
pas prendre de bête...
Prendre un chien adulte est une autre histoire. Il
ne faut pas oublier que tout chien a un passé...
Il peut avoir acquis de bonnes habitudes, mais il
ne faut pas se leurrer, en général, un chien qu'on donne ou
qu'on vend a presque toujours un problème ; sinon
on ne s'en séparerait pas.
Par contre, curieusement et paradoxalement, ce
sont les chiens abandonnés dans la rue etqui ont beaucoup
souffert avant de se retrouver dans les locaux
d'une socièté protectrice, qui ontla plus grande capacité de
patience et d'amour et qui sont prêts à se plier à
tout pourvu qu'on leur offre un minimum de confort matériel
et de nourriture mais aussi, et surtout de
caresses et de paroles douces qu'on va chercher au fond de son
coeur. Il y a aussi le cas du chien qu'on a
élevé près de soi en étant continuellement disponible, ou celui qui
a vécu dans un jardin en l'absence de son maître
mais avec une foule de sollicitations qui l'empêchaient de
s'ennuyer et qui se retrouce soudain transplanté
dans un appartement, enfermé entre des murs, dans le
silence, avec pour toute distraction des objets
immobiles.
La méthode d'accoutumance à la solitude devra
procéder de la même manière que pour le chiot : par étapes
coutes mais nombreuses, qui permettent au chien de
s'intégrer dans son nouveau milieu, en le dominant.
UN COMPAGNON PAS TROP
EXUBERANT
En cas de force majeure, il est capable de
s'accoutumer à tout pour faire plaisir à son dieu, à condition qu'il
se sente dans son territoire de nidation -la
maison- et qu'on lui laisse de quoi se rassurer (vieux vêtements,
objets de jeu), sans oublier je ne le répèterais
jamais assez qu'on lui permette des ébats joyeux au retour
du maître, au cours de longue promenades avec des
jeux et des exercices partagés où il puisse canaliser
son énergie et retrouver la vie sociale à lauqelle
il aspire.
Un autre moyen d'allèger sa solitude, c'est de lui
donner un compagnon pas trop exubérant et avec lequel il
s'entende bien, un chat par exemple.
Le chat n'étant pas un animal de meute, il se fait
très bien au silence feutré dela maison vide et il ne souffre
pas comme le chien de la solitude. Le calme et la
patience de l'un retentira sur l'autre tout en constituant
une présence amie.
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